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h. lachelier. — l’enseignement de la philosophie

trouver à l’Université, sans que le professeur soit obligé de s’attarder dans une introduction trop élémentaire. Ces cours néanmoins, tout en supposant les esprits un peu préparés, s’adressent à des commençants, et c’est ce qu’il importe de ne pas oublier dans toute comparaison que l’on pourrait être tenté de faire entre l’enseignement philosophique de nos Universités et celui des Universités allemandes. Ainsi s’expliquent en effet les principales différences qui frappent au premier abord lorsque l’on compare les programmes des Universités des deux pays par exemple, le nombre des cours de philosophie, bien plus considérable en Allemagne qu’en en France, et, malgré cette abondance de cours, le peu de variété et la grande généralité des sujets. C’est plutôt l’enseignement de la philosophie de nos lycées et surtout des lycées de Paris qu’il faudrait comparer à celui des Universités allemandes. Pourtant, là encore, le parallèle est difficile. En mettant de côté toutes les considérations pour ainsi dire morales de l’éducation dans les lycées, les professeurs de l’enseignement secondaire sont liés, en France, par des programmes qu’ils doivent remplir dans un temps restreint. Le professeur allemand, qui ne connaît aucun programme officiel et qui s’adresse à de vrais étudiants, est absolument libre du choix de son sujet et de la manière de le traiter. Il enseigne ce qu’il lui plaît d’enseigner et dans le temps qu’il lui plait.

Il vaut donc mieux s’abstenir de tout parallèle et se borner à exposer simplement quelques-uns des faits qui peuvent le mieux donner une idée générale de la manière dont est conçu par nos voisins l’enseignement de la philosophie. Outre la question de l’organisation matérielle, nous pouvons nous demander par exemple quelles sont les influences qui dominent cet enseignement, puisqu’il n’est pas officiel, et ensuite, question plus importante, en quoi il consiste. Nous avons à chercher comment les professeurs allemands divisent les sciences philosophiques et quelles sont celles qu’ils prennent le plus souvent pour objet de leurs cours. Commençons par quelques détails d’organisation générale et de statistique.


I


Organisation générale de l’enseignement philosophique.

Aucun règlement ne détermine le nombre de professeurs de philosophie qui doivent être attachés à une Université allemande. Chaque Université est libre d’apprécier elle-même l’extension qu’elle doit