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dangereux, il n’y a qu’une différence de quantité : ce que les uns donnent en raccourci, les autres le montrent en grossissement. Essayons de comprendre le mécanisme de cette désorganisation de la volonté.

Dans l’état normal, un but est choisi, affirmé, réalisé ; c’est-à-dire que les éléments du moi, en totalité ou en majorité, y concourent : les états de conscience (sentiments, idées, avec leurs tendances motrices), les mouvements de nos membres forment un consensus qui converge vers le but avec plus ou moins d’effort, par un mécanisme complexe, composé à la fois d’impulsions et d’arrêts.

Telle est la volonté sous sa forme achevée, typique ; mais ce n’est pas là un produit naturel. C’est le résultat de l’art, de l’éducation, de l’expérience. C’est un édifice construit lentement, pièce à pièce. L’observation objective et subjective montre que chaque forme de l’activité volontaire est le fruit d’une conquête. La nature ne fournit que les matériaux : quelques mouvements simples dans l’ordre physiologique, quelques associations simples dans l’ordre psychologique. Il faut que, à l’aide de ces adaptations simples et presque invariables, se forment des adaptations de plus en plus complexes et variables. Il faut par exemple que l’enfant acquière son pouvoir sur ses jambes, ses bras