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vant, il aperçoit sa belle-sœur vivante. Il pousse un cri, et l’impulsion terrible le ressaisit à l’instant comme une proie.

« Le soir même, il se fait attacher par son frère. — Prends une corde solide, attache-moi comme un loup dans la grange et va prévenir M. Calmeil… » Il obtint de lui son admission dans un asile d’aliénés. La veille de son entrée, il écrivait au directeur de l’établissement : « Monsieur, je vais entrer dans votre maison. Je m’y conduirai comme au régiment. On me croira guéri ; par moments peut-être, je feindrai de l’être. Ne me croyez jamais ; je ne dois plus sortir, sous aucun prétexte. Quand je solliciterai mon élargissement, redoublez de surveillance : je n’userais de cette liberté que pour commettre un crime qui me fait horreur. »

Il ne faut pas croire que cet exemple soit unique ni même rare, et l’on trouve chez les aliénistes plusieurs cas d’individus qui, tourmentés du besoin de tuer des gens qui leur sont chers, s’enfuient dans un asile pour se constituer prisonniers.

Les impulsions irrésistibles et pourtant conscientes à voler, à incendier, à se détruire par des excès alcooliques, rentrent dans la même catégorie[1]. Maudsley dans sa Pathologie de

  1. Voir Trélat, Folie lucide. Maudsley, Le crime et la folie, en part., p. 186.