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enfance, fut élevé par sa mère, qui l’adorait. À seize ans, son caractère, jusque-là sage et soumis, changea. Il devint sombre et taciturne. Pressé de questions par sa mère, il se décida enfin à un aveu : — Je vous dois tout, lui dit-il, je vous aime de toute mon âme ; cependant depuis quelques jours une idée incessante me pousse à vous tuer. Empêchez que, vaincu à la fin, un si grand malheur ne s’accomplisse ; permettez-moi de m’engager. — Malgré des sollicitations pressantes, il fut inébranlable dans sa résolution, partit et fut bon soldat. Cependant une volonté secrète le poussait sans cesse à déserter pour revenir au pays tuer sa mère. Au terme de son engagement, l’idée était aussi forte que le premier jour. Il contracta un nouvel engagement. L’instinct homicide persistait, mais en acceptant la substitution d’une autre victime. Il ne songe plus à tuer sa mère, l’affreuse impulsion lui désigne nuit et jour sa belle-sœur. Pour résister à cette seconde impulsion, il se condamne à un exil perpétuel.

« Sur ces entrefaites, un compatriote arrive à son régiment. Glénadel lui confie sa peine : — Rassure-toi, lui dit l’autre, le crime est impossible, ta belle-sœur vient de mourir. À ces mots, Glénadel se lève comme un captif délivré ; une joie le pénètre ; il part pour son pays, qu’il n’avait pas revu depuis son enfance. En arri-