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que l’on a montés. » — Une marquise d’un esprit très distingué, dit Billod, au milieu d’une conversation « coupe une phrase, qu’elle reprend ensuite pour adresser à quelqu’un de la société une épithète inconvenante ou obscène. L’émission de cette parole est accompagnée de rougeur, d’un air interdit et confus, et le mot est dit d’un ton saccadé, comme une flèche qui s’échappe. » Une ancienne hystérique, très intelligente et très lucide, éprouve à certains moments le besoin d’aller vociférer dans un endroit solitaire ; elle exhale ses doléances, ses récriminations contre sa famille et son entourage. Elle sait parfaitement qu’elle a tort de divulguer tout haut certains secrets ; mais, comme elle le répète, il faut qu’elle parle et satisfasse ses rancunes[1]. »

Ce dernier cas nous achemine aux impulsions irrésistibles avec conscience. Pour nous en tenir aux autres, que nous pourrions multiplier à profusion, ils nous montrent l’individu réduit au plus bas degré de l’activité, celui de purs réflexes. Les actes sont inconscients (non délibérés au moins), immédiats, irrésistibles, d’une adaptation peu complexe et invariable. Au point de vue de la physiologie et de la psychologie, l’être humain, dans ces conditions,

  1. Billod, loc. cit., p. 193 et suiv.