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d’idées vaines se traduise par des actes vains, non adaptés à la réalité ; mais l’impuissance de la réaction individuelle joue un grand rôle. Aussi trouvons-nous un abaissement du ton vital. Ce qui le prouve, ce sont les causes de cet état morbide (névropathies héréditaires, maladies débilitantes) ; ce sont les crises et la syncope que l’effort pour agir peut amener ; ce sont les formes extrêmes de la maladie où ces malheureux, dévorés par des hésitations sans trêve, n’écrivent plus, n’écoutent plus, ne parlent plus, « mais se parlent à eux-mêmes à demi-voix, puis à voix basse, et quelques-uns finissent par remuer simplement les lèvres, exprimant leurs idées par une sorte de mussitation. »

Pour terminer, notons les cas où l’affaiblissement de la volonté confine à l’anéantissement. Lorsqu’un état de conscience permanent et qui s’impose, est accompagné d’un sentiment de terreur intense, il se produit un arrêt presque absolu, et le malade paraît stupide, sans l’être. Tel est ce cas rapporté par Esquirol d’un jeune homme qui paraissait idiot, qu’il fallait habiller, coucher, nourrir et qui, après sa guérison, avoua qu’une voix intérieure lui disait : « Ne bouge pas ou tu es mort[1]. »

Guislain rapporte aussi un fait curieux, mais

  1. Esquirol, tome II, p. 287.