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D’autres, en pleine campagne, ne se sentent à l’aise qu’en marchant le long des taillis ou à l’abri des arbres. On pourrait multiplier les exemples, mais sans profit, car le fait fondamental reste le même[1].

Les discussions médicales sur cette forme morbide n’importent pas ici. Le fait psychologique se réduit à un sentiment de crainte, comme il s’en rencontre tant d’autres, et il est indifférent que ce sentiment soit puéril et chimérique quant à ses causes ; nous n’avons à constater que son effet, qui est d’entraver la volition. Mais nous devons nous demander si cette influence dépressive arrête seule l’impulsion volontaire, intacte par elle-même, ou si le pouvoir de réaction individuelle, lui aussi, est affaibli. La deuxième hypothèse s’impose ; car, le sentiment de la peur n’étant pas insurmontable (ces malades le prouvent dans certains cas), il faut bien admettre que la puissance de réaction de l’individu est tombée au-dessous du niveau commun ; en sorte que l’arrêt résulte de deux causes qui agissent dans le même sens.

On ignore malheureusement les conditions

  1. Pour plus de détails, voir : Westphal, Archiv für Psychiatrie, t. III (deux articles) ; Cordes, ibid. ; Legrand du Saulle, Annales médico-psychologiques, p. 405, 1876, avec discussion sur ce sujet ; Ritti, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, art. Folie avec conscience ; Maudsley, Pathologie de l’esprit, trad., p. 339 et suiv.