laissent après eux des traces, des résidus, qui constituent une mémoire motrice, grâce à laquelle, après une période de tâtonnements et d’apprentissage, la volonté maîtresse de son instrument n’a qu’à parler pour être obéie. Ne pourrait-on pas supposer que ces images motrices sont altérées ou perdues et que par suite la volition reste suspendue dans le vide et impuissante à passer à l’acte ? Si spécieuse que soit cette hypothèse, elle n’est pas acceptable. Elle équivaudrait à dire que ces maladies de la volonté sont des maladies de la mémoire : mais l’aboulie n’est pas une amnésie. L’agraphique qui, par perte des images motrices, ne sait plus écrire, diffère totalement du malade de Billod, qui, au moment où il parvient à agir, écrit comme tout le monde.
Il serait plus admissible de rapprocher l’aboulie des paralysies psychiques étudiées par Reynolds, Charcot et d’autres auteurs. Dans les cas de ce genre, le malade est paralysé parce qu’il se croit paralysé. Toute la thérapeutique consiste à extirper de son esprit cette image débilitante. Dès qu’il se croit capable d’agir, il agit[1]. Toutefois ceci ne nous ramène-t-il pas
- ↑ Ces paralysies psychiques peuvent être produites par suggestions en état d’hypnotisme. On peut paralyser les organes de la parole, un bras, une jambe, etc. Une affirmation les crée, l’affirmation contraire les détruit.