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actions vitales. Elle peut atteindre un degré tel que toutes les facultés soient atteintes et que l’individu devienne une chose inerte. C’est l’état que les médecins désignent sous les noms de mélancolie, lypémanie, stupeur, dont les symptômes physiques sont le ralentissement de la circulation, l’abaissement de la température du corps, l’immobilité presque complète. Ces cas extrêmes sortent de notre sujet ; mais ils nous révèlent les causes dernières des impuissances de la volonté. Toute dépression dans le tonus vital, légère ou profonde, fugitive ou durable, a son effet. La volonté ressemble si peu à une faculté régnant en maîtresse qu’elle dépend à chaque moment des causes les plus chétives et les plus cachées : elle est à leur merci. Et cependant, comme elle a sa source dans les actions biologiques qui s’accomplissent dans l’intimité la plus profonde de nos tissus, on voit combien il est vrai de dire qu’elle est nous-mêmes.

On peut risquer une autre hypothèse et chercher l’explication de l’aboulie dans l’ordre des manifestations motrices. Entre la résolution qui se traduit par un « Je veux » et qui est un acte purement mental, et l’exécution des mouvements voulus qui est un acte purement physique, il y a une étape intermédiaire qui est le réveil et l’excitation des images motrices. Tous nos mouvements, exécutés d’abord au hasard,