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L’auteur ajoute que le voyage n’eut pas l’efficacité qu’il supposait ; que le malade se trouvait mieux cependant en voiture, surtout quand elle était dure et la route mauvaise, qu’enfin le malade rentra dans sa famille, à peu près dans le même état[1].

Les cas précités représentent un groupe bien tranché. Il en ressort quelques faits très nets et quelques inductions très probables.

Voyons d’abord les faits :

1o Le système musculaire et les organes du mouvement sont intacts. De ce côté, nul empêchement. L’activité automatique, celle qui constitue la routine ordinaire de la vie, persiste.

2o L’intelligence est parfaite ; rien, du moins, n’autorise à dire qu’elle ait subi le moindre affaiblissement. Le but est nettement conçu, les moyens de même, mais le passage à l’acte est impossible.

Nous avons donc ici une maladie de la volonté, au sens le plus rigoureux. Remarquons en passant que la maladie fait pour nous une expérience curieuse. Elle crée des conditions exceptionnelles, irréalisables par tout autre moyen : elle scinde l’homme, annihile la réaction individuelle, respecte le reste ; elle nous

  1. Billod, Annales médico-psychologiques, tome X, p. 172 et suivantes. L’auteur cite plusieurs autres faits d’un caractère beaucoup moins net, que nous ne rapporterons pas (V. p. 184 et 319 sq.).