Nous reviendrons dans la conclusion sur ce point très important[1].
La raison dernière du choix est donc dans le caractère, c’est-à-dire dans ce qui constitue la marque propre de l’individu au sens psychologique et le différencie de tous les autres individus de son espèce.
Le caractère ou — pour employer un terme plus général — la personne, le moi, qui est pour nous une cause, est-il à son tour un effet ? À n’en pas douter ; mais nous n’avons pas à nous occuper ici des causes qui le produisent. La science du caractère, que Stuart Mill réclamait, il y a plus de quarante ans, sous le nom d’éthologie, n’est pas faite, ni, à ce qu’il me semble, près de l’être. Le fût-elle, nous n’aurions qu’à en accepter les résultats, sans tenter une excursion sur son domaine ; car remonter toujours d’effets en causes, par une progression sans fin, ce serait suivre les errements de la mé-
- ↑ Nous venons d’exprimer sous une autre forme ce fait évident que le choix va toujours dans le sens du plus grand plaisir. Tout animal, dénué ou doué de raison, sain ou malade, ne peut vouloir que ce qui lui paraît, au moment actuel, son plus grand bien ou son moindre mal. L’homme même qui préfère la mort au déshonneur ou à l’apostasie choisit le parti le moins désagréable. Le caractère individuel et le développement de la raison font que le choix tantôt monte très haut, tantôt tombe très bas ; mais toujours il tend vers ce qui agrée le plus. Le contraire est impossible. C’est là une vérité psychologique si claire que les anciens l’avaient déjà posée en axiome, et il a fallu des volumes de métaphysique pour l’obscurcir.