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la transition d’une forme à l’autre étant presque insensible.

À dessein et pour des raisons de clarté, nous n’avons pas examiné le problème dans sa complexité. Nous avons même éliminé l’un des éléments essentiels, caractéristiques, de la volonté. Telle qu’on l’a considérée jusqu’ici, elle pourrait être définie : un acte conscient, plus ou moins délibéré, en vue d’une fin simple ou complexe, proche ou lointaine. C’est ainsi que paraissent l’entendre des auteurs contemporains, tels que Maudsley et Lewes, lorsqu’ils la définissent « l’excitation causée par des idées » (impulse by ideas) ou bien « la réaction motrice des sentiments et des idées ». Ainsi comprise, la volition serait simplement un « laisser faire ». Mais elle est tout autre chose. Elle est aussi une puissance d’arrêt, ou, pour parler la langue de la physiologie, un pouvoir d’inhibition.

Pour la psychologie fondée sur la seule observation intérieure, cette distinction entre permettre et empêcher a peu d’importance ; mais pour la psychologie, qui demande au mécanisme physiologique quelque éclaircissement sur les opérations de l’esprit, — et qui tient l’action réflexe pour le type de toute activité, — elle est capitale.

La doctrine courante admet que la volonté est