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Pour nous en tenir aux faits positifs, n’est-il pas bien connu que l’impossibilité d’une attention soutenue est l’un des premiers symptômes de tout affaiblissement de l’esprit, soit temporaire, comme dans la fièvre, soit permanent, comme dans la folie ? La forme de coordination la plus haute est donc bien la plus instable, même dans l’ordre purement psychologique.

Cette loi de dissolution, qu’est-elle d’ailleurs, sinon un cas de cette grande loi biologique déjà signalée à propos de la mémoire : les fonctions nées les dernières sont les premières à dégénérer. Dans l’individu, la coordination automatique précède la coordination née des désirs et des passions, qui précède elle-même la coordination volontaire, dont les formes les plus simples précèdent les plus complexes. Dans le développement des espèces (si l’on admet la théorie de l’évolution), pendant des siècles, les formes inférieures de l’activité existèrent seules ; puis, avec la complexité croissante des coordinations, un temps vint où la volonté fut. Le retour au règne des impulsions, de quelques brillantes qualités d’esprit qu’il s’accompagne, est donc en lui-même une régression. À cet égard, le passage suivant de Herbert Spencer nous servira de résumé et de conclusion sur ce point : « Chez les personnes affectées de troubles nerveux chroniques, dont le sang détérioré et tarissant ne