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vons plus rattacher chaque volition à un groupe de mouvements des organes vocaux, locomoteurs ou préhensiles, nous tâtonnons. Cependant il est impossible de ne pas remarquer que la forme la plus haute de la volition, l’attention volontaire, est, entre toutes, la plus rare et la plus instable. Si, au lieu de considérer l’attention volontaire[1] à la façon du psychologue intérieur qui s’étudie lui-même et s’en tient là, nous la considérons dans la masse des êtres humains sains et adultes, pour déterminer par à peu près quelle place elle tient dans leur vie mentale, nous verrons combien peu de fois elle se produit et pour quelle courte durée. Si l’on pouvait, dans l’humanité prise en bloc, pendant une période de temps donnée, comparer la somme des actes produits par l’attention volontaire et la somme des actes produits sans elle, le rapport serait presque de zéro à l’infini. En raison même de sa supériorité de nature et de son extrême complexité, c’est un état, une coordination[2] qui peut rarement naître et qui à peine née est toujours en voie de dissolution.

  1. Il ne s’agit pas, bien entendu, de l’attention involontaire, qui est naturelle, spontanée ; nous nous sommes d’ailleurs précédemment expliqué sur ce point (voy. p. 101 et suiv.).
  2. De même que des groupes de mouvements simples doivent être organisés et coordonnés pour permettre cette coordination supérieure d’où naissent les mouvements délicats et complexes, de même des groupes d’états de conscience simples doivent être organisés, associés et coordonnés pour permettre cette coordination supérieure, qui est l’attention.