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    dant l’hypnose, de commander à certains sujets des actes qu’ils devront accomplir à une date fixe. Oubli complet de l’injonction, au réveil et (à ce qu’il semble) jusqu’au moment de l’échéance. L’hypnotisé ne peut-il pas devenir ainsi un instrument passif aux mains de l’opérateur, par annihilation de la volonté ?

    Deux opinions contraires ont été soutenues.
    Pour l’École de Nancy (Liébault, Beaunis, Bernheim, Liégeois) la confiscation de la volonté est complète et toute résistance aux injonctions est vaincue à la longue, chez la personne franchement suggestible qui devient ainsi « perinde ac cadaver ».
    L’École de Paris (Charcot, Brouardel, etc.) rejette cette thèse absolue « qui ne s’appuie que sur des crimes de laboratoire » (c’est-à-dire factices, simulés, exécutés par condescendance). Elle soutient que la résistance est possible, très faible quand l’acte commandé est une futilité, elle augmenterait en proportion de la gravité de l’acte suggéré. Cette résistance se manifesterait de plusieurs manières : refus de s’éveiller, si l’ordre n’est pas révoqué, sommeil ou crise au moment de l’exécution, etc. « L’hypnotisé n’exécute que ce qu’il veut bien exécuter. » Pour cette discussion, consulter : Beaunis, Le Somnambulisme provoqué, Bernheim, De la suggestion, etc., Liégeois, De la suggestion et du somnambulisme, Pitres, Des suggestions hypnotiques, Gilles de la Tourette, L’hypnotisme et les états analogues, etc.