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sement de la volonté. Les cas d’exceptions sont rares, obscurs ; ils apportent toutefois leur part d’enseignement. Ils montrent une fois de plus que la volition n’est pas une quantité invariable, mais qu’elle décroît au point qu’on peut également soutenir qu’elle est et qu’elle n’est pas.

Je mentionnerai en passant un fait qui rentre à peine dans la pathologie de la volonté, mais qui fournit matière à réflexion. On peut donner à certains sujets hypnotisés l’ordre d’exécuter une action, plus tard, à un moment déterminé de la journée ou même à une date plus éloignée (dans huit, dix jours). Revenus à eux, ils exécutent cet ordre à l’heure prescrite, au jour prescrit, en déclarant d’ordinaire « qu’ils ne savent pas pourquoi ». Dans quelques cas plus curieux, ces personnes donnent des raisons spécieuses pour expliquer leur conduite, pour justifier cet acte qui ne vient pas de leur spontanéité, mais leur est imposé, sans qu’elles le sachent.

« Notre illusion du libre arbitre, dit Spinoza, n’est que l’ignorance des motifs qui nous font agir. » Ce fait et ses analogues ne viennent-ils pas à l’appui ?[1]

  1. L’état de la volonté chez les hypnotisés a donné lieu dans ces derniers temps à des discussions très vives et d’une grande importance pratique. Nous venons de voir qu’il est facile, pen-