Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

semble être tout entière hors d’elle-même. La volonté aime, la mémoire me paraît presque perdue, l’entendement n’agit point, néanmoins il ne se perd pas. » — À un degré plus haut qui n’est « ni un ravissement ni un sommeil spirituel », « la seule volonté agit, et, sans savoir comment elle se rend captive, elle donne simplement à Dieu son consentement, afin qu’il l’emprisonne, sûre de tomber dans les fers de celui qu’elle aime… L’entendement et la mémoire viennent au secours de la volonté, afin qu’elle se rende de plus en plus capable de jouir d’un si grand bien. Quelquefois pourtant, leur secours ne sert qu’à la troubler dans cette intime union avec Dieu. Mais alors la volonté, sans se mettre en peine de leur importunité, doit se maintenir dans les délices et le calme profond dont elle jouit. Vouloir fixer ses deux puissances [facultés] serait s’égarer avec elle. Elles sont alors comme des colombes qui, mécontentes de la nourriture que leur maître leur donne sans aucun travail de leur part, vont en chercher ailleurs, mais qui, après une vaine recherche, se hâtent de revenir au colombier. » À ce degré, « je regarde comme un très grand avantage, lorsque j’écris, de me trouver actuellement dans l’oraison dont je traite, car je vois clairement alors que ni l’expression ni la pensée ne viennent de moi ; et quand c’est écrit, je ne