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qui sera établi avec plus de détails et de preuves dans les conclusions de cet ouvrage.

Si nous prenons une personne adulte, douée d’une volonté moyenne, nous remarquerons que son activité (c’est-à-dire son pouvoir de produire des actes) forme en gros trois étages : au plus bas, les actes automatiques, réflexes simples ou composés, habitudes ; au-dessus, les actes produits par les sentiments, les émotions et les passions ; plus haut, les actes raisonnables. Ce dernier étage suppose les deux autres, repose sur eux et par conséquent en dépend, quoiqu’il leur donne la coordination et l’unité. Les caractères capricieux dont l’hystérique est le type n’ont que les deux formes inférieures ; la troisième est comme atrophiée. Par nature, sauf de rares exceptions, l’activité raisonnable est toujours la moins forte. Elle ne l’emporte qu’à condition que les idées éveillent certains sentiments qui sont, bien plus que les idées, aptes à se traduire en actes. Nous avons vu que plus les idées sont abstraites, plus leurs tendances motrices sont faibles. Chez les hystériques, les idées régulatrices ne naissent pas ou restent à l’état sec. C’est parce que certaines notions d’ordre rationnel (utilité, convenance, devoir, etc.) restent à l’état de conceptions simples, qu’elles ne sont pas senties par l’individu, qu’elles ne produisent en lui aucun retentissement affectif,