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plus palpable. Prenons un homme qui apprend à jouer d’un instrument, à manier un outil, ou mieux encore un enfant qui apprend à écrire. Au début, il produit un grand nombre de mouvements complètement inutiles ; il fait mouvoir sa langue, sa tête, sa face, ses jambes, ce n’est que peu à peu qu’il apprend à tenir ses organes en sujétion et à se restreindre aux mouvements nécessaires des mains et des yeux.

Dans l’attention voulue, les choses se passent d’une manière analogue. Les associations qui diffusent en tous sens sont assimilables à ces mouvements inutiles. Le problème, dans un cas comme dans l’autre, c’est de substituer une diffusion limitée, restreinte, à une diffusion illimitée. Pour cela, nous enrayons les associations inutiles à notre but. À proprement parler, nous ne supprimons pas des états de conscience, mais nous empêchons qu’ils se survivent en éveillant des états analogues et qu’ils prolifèrent à leur gré. On sait d’ailleurs que cette tentative est souvent impuissante, toujours pénible et, dans certains cas, incessamment répétée. En même temps que nous empêchons cette diffusion en tous sens, la force nerveuse disponible est économisée à notre profit. Diminuer la diffusion inutile, c’est augmenter la concentration utile.

Telle est l’idée qu’on peut se faire de ce phénomène obscur, quand on essaye d’en pénétrer