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relle, si mince qu’elle soit. Pour conclure sur ce point, j’avouerai que j’accepte pour mon compte le paradoxe si souvent combattu d’Helvétius « que toutes les différences intellectuelles entre les hommes ne viennent que de l’attention », sous la réserve qu’il s’agit de l’attention spontanée seule ; mais alors tout se réduit à dire que les différences entre les hommes sont innées et naturelles.

Après avoir montré comment l’attention se produit, il reste à chercher comment elle se maintient. La difficulté ne porte que sur l’attention voulue. Nous avons vu, en effet, que le maintien de l’attention spontanée s’explique de lui-même. Elle est continue, parce que l’excitation qui la cause est continue. Par contre, plus l’attention est volontaire, plus elle requiert d’effort et plus elle est instable. Les deux cas se réduisent à une lutte entre des états de conscience. Dans le premier cas, un état de conscience (ou pour mieux dire un groupe d’états) est tellement intense qu’il n’y a contre lui aucune lutte possible et qu’il s’impose de vive force. Dans le second cas, le groupe n’a pas de lui-même une intensité suffisante pour s’imposer : il n’y parvient que par une force additionnelle, qui est l’intervention de la volonté.

Par quel mécanisme agit-elle ? Autant qu’il semble, par un arrêt de mouvements. Nous re-