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prendre le contenu d’une lettre, d’un journal, même une ou deux pages de quelque livre favori ; l’esprit tombe à un état vacillant, incapable de continuité dans la pensée.

« Conscient de cet affaiblissement d’énergie, le malade tâche de la reconquérir ; il prend un livre, résolu à ne pas céder à ses sensations d’incapacité intellectuelle, de langueur psychique, de faiblesse cérébrale ; mais souvent il découvre qu’il a perdu tout pouvoir d’équilibre mental, de concentration et de coordination de ses idées. Dans ses tentatives pour comprendre le sens de ce qu’il a sous les yeux, il lit et relit avec résolution, avec une apparence d’énergie victorieuse certains passages frappants, mais sans être capable de saisir un ensemble d’idées très simples ou de poursuivre avec succès un raisonnement élémentaire. Cette tentative, surtout si elle est soutenue, de faire converger l’attention sur un point, accroît souvent la confusion de l’esprit et produit une sensation physique de lassitude cérébrale et de céphalalgie[1]. »

Beaucoup de paralytiques généraux, après avoir traversé la période de suractivité intellectuelle, celle des projets gigantesques, des achats immodérés, des voyages sans motif, de la loquacité incessante, où la volonté est dominée par

  1. Forbes Winslow, On the obscure Diseases of the Brain, etc., p. 216.