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teurs, laissent l’impression d’une intelligence exubérante, livrée à un automatisme sans frein. Les anecdotes curieuses ou plaisantes abondent sur ce point. Je n’en citerai aucune ; j’aime mieux laisser à un maître le soin de peindre l’homme.

« La figure de Coleridge et son extérieur, d’ailleurs bon et aimable, avait quelque chose de mou et d’irrésolu, exprimant la faiblesse avec la possibilité de la force. Il pendillait sur ses membres, les genoux fléchis, dans une attitude courbée. Dans sa marche, il y avait quelque chose de confus et d’irrégulier, et quand il se promenait dans l’allée d’un jardin, il n’arrivait jamais à choisir définitivement l’un des côtés, mais se mouvait en tire-bouchon, essayant des deux.

« Rien n’était plus abondant que sa conversation ; toujours et à la lettre de la nature d’un monologue, ne souffrant aucune interruption même respectueuse, écartant immédiatement toute addition ou annotation étrangères, même les plus sincères désirs d’éclaircissement, comme des superfluités qui n’auraient jamais dû se produire. En outre, sa conversation n’allait pas dans un sens comme une rivière, mais dans tous les sens, en courants inextricables ou en remous comme ceux d’un lac ou de la mer ; terriblement dépourvue de but défini, même