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Ô maître souverain sur deux mondes dressé,
Tu touchais de la main — suivant ta fantaisie —
L’avenir lumineux, ou le sombre passé :
Vivant avec l’Europe ! ou mort avec l’Asie !
La vie a triomphé ; le sort en est jeté !
De son trône descend l’orgueilleuse ignorance,
Et l’école est ouverte, où croît en liberté
Tout un peuple d’enfants rendus à l’espérance.
Les intrigants de cour rejetés loin de toi,
Le silence forcé des conseillers sinistres,
Tes sujets devenus égaux devant ta loi,
Les hommes de progrès, choisis pour tes ministres,
Tous les fils du pouvoir en tes mains réunis,
Les chrétiens accueillis, l’industrie honorée,
Et ton foyer ouvert à de nobles bannis,
Et la peste elle-même en ses déserts rentrée,
L’ordre et la discipline enseignés aux soldats,
L’Égypte de nouveau subissant ta tutelle,
La Russie hésitant et retirant son bras :
Voilà de tiers jalons pour une œuvre immortelle !
Ce n’est pas en un jour qu’un monde est transformé,
Mais le bon grain fermente ; et dans ses flancs antiques,
Où dans l’ombre déjà la semence a germé,
La terre sent courir des frissons prophétiques.