Palladio plus que tous les successeurs de Bramante, plus que Bramante lui-même, car il profite de ses recherches et peut pousser ses études plus avant, est l’architecte qui a incarné de la façon la plus complète l’esprit de la Renaissance. « Nul architecte, dit le Cicérone, n’a pénétré plus profondément jusqu’à l’essence des monuments antiques. Il est presque le seul qui n’ait jamais recherché un effet de détail décoratif et qui n’ait poursuivi dans l’organisme de ses édifices que l’ordonnance et le sentiment des proportions. »
Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il ait peu travaillé à Venise ; il était trop classique, trop assujetti à la rigide observance des règles, trop imbu de ce principe que la pure imitation de l’antiquité permet seule de réaliser la beauté (n’avait-il pas proposé de restaurer en style classique le palais des Doges ?). Il ne pouvait plaire dans la ville de la libre fantaisie.
C’est à Vicence que l’on trouve presque toutes ses œuvres. La Basilique (Pl. 19) suffirait à sa gloire, bien qu’elle ne soit pas absolument caractéristique de ce qui fut sa vraie manière. L’influence vénitienne s’y manifeste dans une certaine mesure par l’importance des ouvertures, par l’emploi des balustrades et par la ligne terminale ornée de statues : mais, malgré tout, la note dominante est celle de la puissance et de la sobriété. C’est une œuvre encore profondément romaine par son esprit ; on y sent le souvenir des façades intérieures du palais Farnèse et involontairement on pense à Antonio da San Gallo. Cette