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BRAMANTE

peu confus, une partie irréprochable où s’allient, dans la plus juste mesure, l’élégance, la richesse et la force.

Des œuvres d’un esprit plus architectural commencent à s’établir dans les premières années du xvie siècle. C’est d’abord au palais des Doges une aile nouvelle construite en 1520 par Bergamasco, dont la simplicité contraste avec le luxe du reste du palais (Pl. 14). C’est surtout la très intéressante Scuola di San Rocco, œuvre de Bartolommeo Buon et de Scarpagnino (Pl. 15). Les progrès de la Renaissance se manifestent dans ces deux œuvres par l’emploi des frontons et des colonnes, et nous voyons réapparaître le désir de tirer le principal effet de l’ossature architecturale. Mais on sent encore, surtout à la Scuola, une certaine inexpérience dans le maniement des formes antiques : de grands frontons trop grêles reposent sur des colonnes trop effilées. Au point de vue de la connaissance de la Renaissance, c’est une œuvre en retard sur ce qui se fait à Florence, mais c’est une œuvre charmante, pleine d’originalité, où Venise a mis sa marque par un décor extrêmement délicat, en faisant un usage discret de la polychromie, en cannelant les colonnes, en les entourant d’un ravissant motif de bagues sculptées, en couvrant de riches ornements la large frise terminale.

Le même amour du décor se remarque dans les chapelles dont la plus belle est celle du Santo, à Padoue, qui, par le charme de son architecture, la délicatesse de son ornementation et la beauté de ses matériaux, est un exemple admirable de l’art vénitien au début du siècle (Pl. 16).