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BRAMANTE

plate, un simple support sur lequel il se proposait de dérouler tout un monde de bas-reliefs et de statues. Il voulait en faire, comme il nous l’a dit lui-même, le miroir de toute l’Italie.

La Chapelle devait être, elle aussi, très ornée et couverte de peintures et de sculptures. Telle qu’elle nous est parvenue, tout inachevée, elle nous montre encore bien le caractère plastique de l’art de Michel-Ange par cette complication de lignes, cet encombrement qui fait que, entre les pilastres, se pressent, sans laisser aucune place vide, des portes, des niches, des fenêtres, des frontons, formes parfois inutiles, critiquables dans les détails, mais dont le but est d’accompagner la richesse des tombeaux et de faire concourir toutes les parties de la muraille au vaste et brillant ensemble décoratif qui devait être réalisé.

Le même esprit se retrouve dans le célèbre escalier de la bibliothèque Laurentienne. Dans son désir de faire une architecture expressive, il traite les murs comme des corps dont il ferait saillir les muscles. Et l’impression qu’on en éprouve est étrange, difficile à définir, mais extraordinairement puissante.

Dès ces premières œuvres, on peut deviner que Michel-Ange sera le créateur du Baroque, puisqu’un des caractères de cet art est d’avoir usé des formes architecturales, non plus comme l’auraient fait de purs architectes, en se préoccupant surtout de leur utilité constructive, mais comme des décorateurs visant à la réalisation de puissants effets.