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BRAMANTE.

donne, c’est la nouveauté des plans qu’il propose, qui ont rendu son nom immortel (Pl. 4).

Certes on avait déjà vu, avant Bramante, un certain nombre d’églises en croix grecque, dérivant plus ou moins des modèles donnés par Brunelleschi, mais toutes ces églises étaient de dimensions relativement restreintes : elles se composaient de quatre bras très courts, ne faisant qu’une légère saillie autour de l’espace central. Bramante développe prodigieusement ce thème si simple : autour de la coupole centrale, les nefs s’allongent, formant une véritable croix, entre les bras de laquelle de nouveaux espaces, conçus eux-mêmes comme de petits monuments en croix grecque, et couverts aussi par des coupoles, viennent ajouter à l’église principale la complication raffinée de leurs lignes et la multiplicité de leurs perspectives. Des tours aux quatre angles et des portiques complètent cet ensemble, qui s’inscrit à l’extérieur dans les lignes d’un carré, d’où seules émergent légèrement les quatre absides. La largeur de la coupole, qui atteint 42 mètres, la hauteur des nefs, qui s’élèvent à 46, font de cette église une des œuvres les plus gigantesques que l’on ait rêvées.

Que la grandeur de cette conception ait été inspirée par Rome nous n’en pouvons douter, et Bramante lui-même l’a proclamé dans sa phrase célèbre : « Je prendrai les voûtes du Panthéon et je les élèverai sur les arcs de la basilique de Constantin. » Mais quelle est l’origine de ce plan ? comment expliquer un progrès si brusque sur les édifices antérieurs ? Que l’on compare le plan de Bramante, qui