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BRAMANTE

ils n’hésitent pas à le faire. Ces raisons, ils les trouvent dans leur passion toujours croissante pour la beauté des formes aimées en elles-mêmes, en dehors de leur valeur expressive ; l’architecture antique leur paraît si belle qu’ils ne veulent pas admettre, en dehors de ses lignes, rien qui puisse en détourner les regards.

Les théories de beauté idéale contribuèrent encore à faire estimer certaines formes comme étant a priori supérieures à d’autres ; leur recherche primera toute autre préoccupation ; de là naîtront certains engouements, tels que celui de la symétrie ou celui des proportions, qui régneront d’une façon vraiment tyrannique sur l’architecture de la Renaissance.

Le culte de la beauté fut une des gloires de la Renaissance, une de ses grandes forces, une source féconde de chefs-d’œuvre, mais ce fut aussi une de ses faiblesses ; car le souci trop absolu de la forme nuit à l’expression de la pensée, et l’idéalisme poussé trop loin, surtout en architecture, non seulement en sacrifie le côté pratique et utilitaire, mais empêche les particularités, les diversités de caractère que doivent entraîner les changements dans la pensée des hommes.

I. — Pontificat de Jules II.

Bramante.

Bramante est le plus grand architecte de la Renaissance. De tous les architectes modernes, c’est lui dont le nom est