essentiel de ce moment si dramatique de l’histoire de l’art.
Michel-Ange qui, par tout son passé, par toutes ses œuvres, est plus que tout autre l’homme de la Renaissance, va être conduit par les événements à devenir le chef de cet âge nouveau de la Contre-Réforme dont le mot d’ordre est la proscription de tout ce que la Renaissance a aimé. Lui qui a passé sa vie à étudier le corps humain, à dire par ses écrits et par ses paroles, à prouver par ses œuvres, qu’il ne pouvait y avoir de beauté que dans l’étude de la nudité des corps, il va terminer sa carrière par une œuvre chrétienne. Il se transforme, mais il ne peut changer toutes les conceptions de son esprit, et dans ce Saint-Pierre qu’il va construire, nous trouverons encore, à côté de la pensée chrétienne, des souvenirs de cette Renaissance qu’il ne peut oublier.
Dans ses projets pour Saint-Pierre, il est une chose qui séduira la papauté, c’est la beauté de cette coupole qu’il va dresser si magnifiquement dans les airs. Elle n’est plus relativement basse et elle ne disparaît pas derrière les clochers, comme dans les projets de Bramante et même dans ceux de San Gallo, mais elle s’élève hardiment au-dessus du tambour, dominant tout par sa masse et sa hauteur. Si Michel-Ange a pu avoir une pareille conception, c’est sans doute parce qu’il connaissait le dôme de Sainte-Marie des Fleurs, parce qu’il avait grandi à l’ombre de la coupole de Brunelleschi, mais surtout c’est parce que l’esprit chrétien pénètre en lui, lutte avec la Renaissance, et le pousse à renoncer aux proportions classiques, aux