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BRAMANTE

de bâtir, soit par la nature du décor, soit par les formes architecturales, soit enfin par l’esprit de la construction.

Le décor antique était ce que l’on pouvait le plus facilement assimiler dans l’architecture ; ce n’était qu’un goût nouveau pour des formes de détail, n’apportant qu’un changement presque insignifiant dans la nature des édifices. Les maîtres de la Renaissance, pour remplacer le décor gothique, purent tendre sur les monuments le fin réseau des arabesques antiques, sans porter aucune atteinte aux formes traditionnelles de leur architecture, sans contrevenir en rien à ses caractères essentiels. Aussi cette mode nouvelle se développa avec une étonnante rapidité et couvrit toute l’Italie, dès que, vers le début du xve siècle, elle eut fait à Florence sa première apparition.

Après le décor, ce sont les formes architecturales que la Renaissance emprunte à l’antiquité, la colonne, le pilastre, l’entablement et le fronton. Ces formes se diversifient suivant les ordres, et peuvent, en passant du dorique à l’ionique et au corinthien, exprimer tour à tour, la force, l’élégance ou la richesse. Elles se distinguent les unes des autres, non pas seulement par leurs lignes différentes, mais par leurs proportions qui, lorsqu’elles s’altèrent, suffisent à en modifier profondément l’esprit. Leur étude est donc particulièrement complexe, leur parfaite connaissance difficile à acquérir, et l’on comprend que les architectes aient mis longtemps avant d’être maîtres dans cet art nouveau.

Une autre raison plus importante encore devait retarder