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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

naît lui-même que « nous sommes conduits à toutes les conséquences de l’hypothèse mécaniste ».


IV. — CONCLUSIONS


L’œuvre de Rankine est bien une critique du mécanisme traditionnel, mais une critique qui vise à une réforme de la physique théorique et non à sa ruine, ou à sa refonte complète. Que reproche-t-il à la physique théorique qui, en synthétisant les théories atomiques et newtonicnnes, faisait loi à son époque ? Il lui reproche sa méthode conjecturale, et la valeur ontologique, métaphysique qu’elle attribue aux résultats de cette méthode.

I. — La physique ne doit avoir confiance qu’en l’expérience ; elle ne connaît de vérités solides que sur le terrain expérimental. Elle doit donc se garder de s’éloigner de ce terrain et surtout de perdre de vue, lorsqu’elle s’en éloigne, le caracliîre conjectural des résultats auxquels elle aboutit alors. Les physiciens de l’époque en arrivaient à accorder la même réalité aux centres ae force, aux points matériels, aux fluides impondérables, et aux atomes (le ou les fluides électriques, le calorique, etc.) qu’aux données de rcxpérience. Certains même n’étaient pas éloignés de croire que ces hypothèses avaient des réalités plus hautes que les apparences sensibles. Rankine dénonce ce péril et demande à ce que la physique cesse de réaliser des abstractions, des idéaux nouveaux, pour suivre plus fidèlement la voie dans laquelle l’a engagée l’esprit moderne : le mathématisme et l’expérience. Voilà les deux caractères essentiels de la physique de la Renaissance : l’expérience, pour fournir les bases solides, tangibles de la science, pour construire une science qui soit un savoir ; le malhématismc, pour qu’on puisse déduire avec rigueur toutes les conséquences de l’expérience, afin de les prévoir d’une façon précise, pour qu’on puisse faire servir d’une façon assurée toutes les connaissances acquises à la découverte des connaissances nouvelles. L’ancienne logique formelle a suffisamment montré son impuissance avec la scolastique. Elle