substantiel. Dans le développement de la physique théorique, il continue donc la tradition moderne, en précisant son relativisme.
On a vu, d’ailleurs, que dans le domaine de la mécanique, dans la théorie du mouvement lui-même, Rankine est absolument traditionaliste et mécaniste. Il reconnaît la mécanique traditionnelle, comme le modèle même de la théorie scientifique parfaite. Ce contre quoi il s’élève, au nom de l’expérience, c’est contre la prétention de construire exactement sur les mêmes bases la physique théorique, sans ajouter des définitions et des postulats spéciaux. Quand nous passons du domaine de la mécanique à celui de la physique, le mouvement ne doit plus être considéré que comme la manifestation d’un genre spécial d’énergie, et bien que tous les genres soient homogènes, l’expérience ne nous autorise pas à les réduire à l’un d’entre eux, et à considérer celui-là comme fondamental ; du moins, c’est là ce que pourrait alléguer Rankine, je crois, puisqu’il ne développe par ses raisons, et se contente d’opposer comme plus adéquat à l’expérience son système énergétique au système mécaniste.
Il reste en tout cas ceci : Rankine ne veut pas du système de réduction proposé par le mécanisme, mais il admet, il réclame comme postulat fondamental, la possibilité d’une physique mathématique, c’est-à-dire la nécessité d’une réduction, et ceci nous paraît une caractéristique essentielle de l’esprit scientifique qui a régné depuis la Renaissance. C’est elle qui creuse le fossé infranchissable entre deux attitudes de la pensée, deux conceptions systématiques de l’univers ; elle délimite au point de vue épistémologique deux espèces. Parmi les physiciens, Rankine appartient à une espèce, en même temps que les cartésiens, les newloniens, les atomistes, les mécanistes actuels ; la physique préscientifique et scolastique à l’autre.
5. — À partir de ce moment, d’ailleurs, la différence entre l’exposé de Rankine et le mécanisme traditionnel, n’est plus que dans la forme et le physicien anglais recon-
