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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

l’équivalence de la chaleur en travail mécanique. Puisque dans une transformation où la chaleur disparaît et apparaît du travail mécanique, un nombre constant exprime le rapport des quantités de chaleur disparues, et des quantités de mouvements apparues, une fois fixé un système d’unité, c’est qu’au fond ces deux formes d’énergie sont homogènes. Il y a continuité entre tous les genres de l’énergie. « Tout genre d’énergie peut être rendu capable d’accomplir tout genre de travail[1]. »

Le mécanisme soutient que toutes les manifestations de l’énergie sont homogènes, et que l’énergie est une dans sa nature dernière. Cette nature dernière, il la conçoit sous la forme d’énergie cinétique, c’est-à-dire de mouvement, tandis que Rankine ne présuppose rien sur elle, c’est vrai. Mais cela importe peu. La proposition essentielle du mécanisme, c’est que l’énergie soit une et toujours identique à elle-même dans son fond. Ces diverses manifestations sont les apparences sous lesquelles la perçoivent nos sens.

Rankine admet ce postulat comme les mécanistes. Il en fait même l’axiome premier de l’énergétique[2]. Il reconnait en toutes lettres que cet axiome conduit aux mêmes conséquences que le mécanisme traditionnel.

La grande affaire dans la théorie de la physique, ce n’est pas d’être ou non une hypothèse mécaniste, mais d’admettre ou non la possibilité d’une représentation homogène des transformations physiques, ce qui revient à admettre l’unité finale de la physique.

Le reste n’est qu’acccessoire et secondaire ; le reste est affaire d’application, tandis que ceci est affaire de principe. Le mécanisme traditionnel avait énoncé ce principe : l’homogénéité des transformations physiques ; il l’avait même traduit métaphysiquement par ce qu’on a appelé l’homogénéité, l’identité ou l’unité des forces physiques, Rankine admet ce principe en le débarrassant de toute signification métaphysique, en en faisant une formule de représentation, une formule relative et non un principe

  1. Id., § 9, p. 390.
  2. Id.