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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

présente tout entière sous la forme abstractive : la mécanique[1]. Oui, il y a une science capable dès maintenant de ge présenter sous cette forme : la physique[2].

Cette double réponse est intéressante au point de vue historique.

Elle montre nettement les intentions de Rankine et en quoi lui et ses disciples diffèrent à la fois du mécanisme, et, plus encore, des dialecticiens qui, après eux, entreprendront la critique philosophique, et non plus scientifique, du mécanisme.

Ce n’est pas la mécanique elle-même, ce ne sont pas les lois fondamentales de la mécanique qu’attaque Rankine. Il trouve, au contraire, qu’elles représentent la science idéale, en tant qu’expression simplement abstraite de la réalité, qu’application intégrale de la méthode abstractive ! La mécanique, dans son exposé traditionnel est le type même que doivent chercher à atteindre les sciences du réel. Non, ce qu’il va critiquer, c’est, alors que la physique pourrait s’organiser de même, l’emploi de la méthode hypothétique en son domaine, par l’extension conjecturale des lois fondamentales de la mécanique, comme lois fondamentales de la physique.

La mécanique, dit Rankine, est le seul exemple existant d’une théorie physique complète dont les principes soient tirés des data de l’expérience par la méthode abstractive. La classe d’objets, les corps matériels, sont définis par les propriétés sensibles qu’ils possèdent : occuper un espace, résister aux changements de mouvements. Les deux classes de phénomènes : mouvements et forces, de même. Les lois de composition et de résolution des mouvements et des forces, les lois de relation entre mouvements et forces ne sont que l’expérience formulée[3].

3. — Cette perfection est précisément la cause pour laquelle on a essayé de fonder hypothétiquement toutes les branches de la physique sur la mécanique sans s’aperce-

  1. Id., § 3, 383.
  2. Id.
  3. Id., § 3.