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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

connues et sont relativement simples. On établira ainsi une homogénéité suffisante entre les deux classes de phénomènes pour déduire des lois de l’une les lois de l’autre, ce qui est un avantage incontestable au point de vue de Téconomie des efforts intellectuels. Bien entendu, les conséquences d’une construction de ce genre doivent s’accorder avec les résultats de l’expérience. La conception conjecturale n’est conjecturale que dans ses principes, non dans les propositions qu’elle énonce sur les faits qu’elle relie[1].

Ces hypothèses peuvent elles-mêmes être distinguées en deux classes, suivant qu’elles sont adoptées comme une représentation probable d’un état de choses réel, bien qu’imperceptible aux sens, ou simplement comme des moyens convenables d’exprimer les lois des phénomènes sans qu’on croie le moins du monde qu’ils correspondent à la réalité : elles sont en un mot ou objectives, comme la théorie ondulatoire de la lumière, ou subjectives comme la théorie des fluides magnétiques[2].

2. — Nous en avons fini maintenant avec les préliminaires généraux que Rankine pose avant d’aborder l’examen de la physique. Il s’agit de tirer de ces préliminaires les conséquences qu’elles comportent.

Il est tout de suite visible que pour Rankine, la méthodetype, la méthode normale à laquelle doit se plier autant qu’il est possible la science, est la méthode abstractive. Elle a cet avantage de nous permettre de répéter après Newton : nous ne faisons pas d’hypothèses. Et si une science est susceptible de revêtir sans inconvénients l’aspect abstractif, il faut abandonner de suite la conccpton conjecturale et hypothétique.

Y a-t-il des sciences capables de s’exprimer sous la forme abstractive ? Y a-t-il des sciences qui s’expriment effectivement déjà sous cette forme ? À ces deux questions, Rankine répond par l’affirmative, une affirmative assez restreinte, d’ailleurs, puisqu’elle ne concerne dans chacun des deux cas qu’une seule science : Oui, il y a une science qui se

  1. Id.
  2. Id.