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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

de principes le plus simple dont on puisse déduire les lois qui formulent l’expérience. Ce système n’est pas naturel, immédiat, comme dans les sciences directement abstraites. Il est médiat et dérivé ; il n’est pas le commencement de la recherche, il en est un aboutissant assez tardif. Aussi ne peut-il s’imposer d’une façon nécessaire. Il ne peut qu’être proposé. Conclusion : Les tentatives de généralisation peuvent être établies de plusieurs façons et la physique théorique être construite suivant des méthodes diverses.

b) Quelles sont ces méthodes ? Toute généralisation ayant pour but d’embrasser une multitude de phénomènes, le but de la physique théorique sera de grouper les phénomènes, d’en former des classes. Les différentes méthodes de la physique théorique pourront donc être déterminées en observant la manière dont sont définies les classes de phénomènes, et groupés les faits[1]. Rankine trouve qu’à ce point de vue, ces méthodes se ramènent à deux principales : la méthode abstractive et la méthode hypothétique[2].

Suivant la méthode abstractive, une classe de phénomènes ou d’objets est définie en décrivant (après leur avoir assigné un nom ou un symbole) l’ensemble des propriétés qui sont communes à tous les phénomènes ou objets composant la classe, sans faire appel à autre chose qu’aux données de la perception sensible, sans pouvoir par conséquent introduire une hypothèse. La description est réaliste ; aucune propriété n’y entre qu’on ne puisse directement constater, dans l’un quelconque des objets de la classe ainsi définie, par l’exercce normal et commun de nos sens[3].

Tout autrement serait définie cette classe par la méthode hypothétique. On se fera des objets ou phénomènes qui la composent une conception conjecturale ; on leur attribuera une constitution que nos sens ne peuvent percevoir. Cette conception, on ira en chercher le modèle dans une autre classe d’objets ou de phénomènes dont les lois sont déjà

  1. Id., § 2, p. 382.
  2. Id.
  3. Id.