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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

Elle renonce à toute critique hostile pour s’en tenir à une critique bienveillante, utile, favorable.

Enfin, se reliant d’une façon continue à la tradition mécaniste, mais en la modifiant sous l’influence de l’école conceptuelle et surtout de l’école critique, la nouvelle école mécaniste cherche à se rapprocher de l’expérience plus que l’ancienne. Elle n’accorde à la théorie mécaniste que la valeur d’un schème figuratif, nécessaire, parce qu’il est commandé dans une certaine mesure par l’expérience acquise et que rien n’autorise à dire qu’il ne sera pas — avec les modifications convenables — apte à coïncider de mieux en mieux avec l’expérience future. Elle comprend le plus grand nombre des expérimentateurs, des ouvriers de laboratoire. Elle constitue le gros de l’armée des physiciens ; mais, malgré ses divergences profondes avec l’école conceptuelle, l’emploi des procédés figuratifs, et la liaison étroite qu’elle maintient entre la physique et la mécanique, il ne faut pas oublier que, comme l’énergétique, comme l’école critique, pour les mêmes raisons et selon la même évolution, elle se fait une conception essentiellement phénoménologique de la science physique.

Telles sont, d’après une description préliminaire très générale, les grandes divisions du chapitre de l’histoire de la physique qu’il reste à poursuivre avec plus de détails.

On peut distinguer très facilement ces écoles, grâce à un signe extérieur que l’on posera momentanément comme une marque provisoire, mais qui est l’expression, comme nous le verrons, des causes les plus profondes de ces divergences. Dans les théories physiques, l’école conceptuelle ou énergétique n’admet jamais — l’école critique admet d’une façon accessoire — l’école mécaniste admet toujours et d’une façon essentielle, des éléments figuratifs, empruntés à la représentation du mouvement.