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LE MÉCANISME TRADITIONNEL.

Aussi, à côté d’elles, trouve-t-on des physiciens, qui, tout en approuvant quelques-unes des critiques adressées par l’école conceptuelle au vieux mécanisme, n’acceptent pas intégralement les réformes qu’elle propose. D’accord avec elle sur la partie négative, ils ne le sont plus sur la partie positive. Ils considèrent que dans l’état actuel de la science, il est prématuré d’imposer une forme spéciale et nettement définie de systématisation. Représentations mécanistes et représentations énergétiques ont leurs avantages et peutr être leurs défauts : en tout cas, la seconde ne paraît pas pouvoir être considérée d’ores et déjà comme triomphante. Pour le moment, il est bon de se servir de l’une et de l’autre, en ne les acceptant que sous bénéfice d’inventaire, et comme des instruments plus ou moins commodes. Il convient de conserver une attitude critique en face de leurs affirmations décisives lorsqu’elles prétendent s’appliquer aux expériences possibles en dépassant l’expérience présente. Il est enfin utile de faire une part à l’intuition empirique, donc aux constructions mécanistes, dans les théories physiques, sans se faire illusion sur l’objectivité de cette interprétation, qui reste très hypothétique. Cette attitude critique a été fortement indiquée par H. Poincaré.


    sur les mouvements relativement lents, qui, étant les seuls connus et les plus directement observables, avaient été pris, sur la loi de l’expérience, pour types de tous les mouvements possibles. Les expériences nouvelles au contraire montrent qu’il faut étendre notre conception des mouvements possibles. La mécanique traditionnelle reste tout entière debout, mais elle ne s’applique plus qu’aux mouvements relativement lents (comme ceux des corps que nous percevons). À des vitesses considérables, les lois du mouvement sont autres. La matière paraît se réduire à des particules électriques, éléments derniers de l’atome, si bien que les lois de la mécanique ne sont plus que les conséquences des lois des particules d’électricité, dans le cercle facilement délimitable des phénomènes mécaniques.

    3o Le mouvement, le déplacement dans l’espace reste l’élément figuratif unique de la théorie physique.

    4o Enfin — ce qui, au point de vue de l’esprit général de la science physique, prime toute autre considération, — la conception de la science physique, de ses méthodes, de ses théories et de leur rapport avec l’expérience, reste absolument identique à ceUe du mécanisme, et à la conception de la physique depuis la Renaissance.