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LE MÉCANISME TRADITIONNEL.

engendrer du travail, car il est en équilibre parfaitement stable, toute l’eau dont on disposait étant au niveau le plus bas, si c*est un système hydraulique, ou toutes les parties étant à la même température, si c’est un système thermique. D’où ces formules du principe de Carnot :

a) On ne peut faire passer de la chaleur d’un corps froid sur un corps chaud (pas plus qu’on ne peut faire remonter de l’eau) sans fournir un travail extérieur.

b) Tout système fini s’achemine vers un état d’équilibre thermique où il ne pourra plus se transformer (0 absolu).

c) La valeur de transformation d’une modification est égale à la diminution que subit par cette modification, une certaine grandeur, liée à toutes les propriétés qui fixent l’état du système, mais indépendante de son mouvement, cette grandeur étant l’entropie du système et tendant sans cesse à croître dans un système clos, isolé, pour toutes les transformations qu’il subit, etc.

Or, si tout est réductible aux principes de la mécanique classique, il semble bien qu’on ne puisse rendre compte de cette inutilisation grandissante de la force, de cette diminution de l’énergie utilisable, de cet équilibre se réalisant constamment sans espoir de retour. La nature doit pouvoir revenir en arrière, en quelque sorte, et recommencer sans fin le même cycle de transformation. Nous ne pouvons avoir que des équilibres statistiques et apparents.

M. Lippmann, au Congrès de physique de 1900, a signalé encore quelques-unes des difficultés d’ordre expérimental que le principe de Carnot pose au mécanisme, et a conclu pour cela au rejet de toute interprétation mécaniste du principe de Carnot. Des mécanistes intransigeants ont préféré à leur tour le rejet de ce principe ; mais jusqu’ici la physique, à moins de ne plus être une science expérimentale, ne peut, au nom d’une vue théorique, se passer d’une déduction nécessaire des données de l’expérience. Maxwell, Helmholtz, Gibbs, et bien d’autres se sont essayés au difficile problème de donner une figuration mécanique de cette loi. Et pourtant la plupart des physiciens contemporains se refusent encore à dire qu’il ait