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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

sens le plus général du mot, et sur les deux grands principes relatifs à l’énergie. Par là, la théorie énergétique se construisit en opposition au mécanisme traditionnel.

b) Une autre raison devait donner à l’énergétique une impulsion nouvelle ; cette raison est d’un caractère moins général que la première. Celle-ci repose, somme toute, sur une tournure d’esprit mathématique, abstraite, qui chercha à utiliser, dans le sens de ses tendances et de ses répugnances propres, des découvertes qui s’y prêtaient admirablement. Celle-là, au contraire, se fonde directement sur une exigence de la science physique à laquelle le mécanisme traditionnel ne pût — surtout à ses débuts, et malgré ses efforts, — répondre d’une façon satisfaisante ; il s’agit des difficultés considérables où le mécanisme traditionnel (il a été modifié depuis par les continuateurs du mécanisme) se trouva engagé pour interpréter le principe de Carnot-Clausius. Le principe de Carnot-Clausius nécessiterait ici, pour être établi dans toute sa précision et dans toute sa rigueur, une intrusion trop longue dans le domaine de la physique pure. En s’aidant des analogies de l’expérience, on peut en établir grossièrement le sens ; ce fut d’ailleurs sous une forme assez semblable qu’il fut d’abord exposé à l’époque à laquelle on fait ici allusion. Carnot était parti de l’idée de l’impossibilité du mouvement perpétuel ; il l’avait appliquée au calorique. Toute machine thermique peut être comparée à une machine hydraulique. Du travail ne peut être produit par une machine hydraulique que s’il y a une différence entre le niveau du liquide avant l’utilisation dans le moteur, et le niveau après l’utilisation. Celui-ci doit être plus bas : il faut une chute. De même, pour que du travail soit produit par une machine thermique, il faut qu’il y ait une différence de niveau entre la température de la source thermique (niveau avant l’utilisation) et celle du condenseur (niveau après l’utilisation). Il faut une chute de température.

Si donc l’on ne dispose pas d’une force extérieure au système, si l’on considère un système clos et fini, il arrive un moment où il est impossible que le système puisse