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LE MÉCANISME TRADITIONNEL.

électriques par les actions du milieu, et préparassent la grande systématisation de Maxwell et de Hertz, s’efforçaient avec un succès croissant de rentrer dans le concert de la physique traditionnelle.

Restait, pour épuiser le champ des sciences physico-chimiques, à donner une interprétation mécanisle des modifications chimiques. C’est ce que réalisa clairement la théorie des poids atomiques. Tout le monde sait que les différences qualitatives des corps simples sont représentées chimiquement par des différences de constructions moléculaires, et les différences qualitatives des composés peuvent être considérées comme réductibles à celles-ci.

Les phénomènes de substitution s’expliquent alors ainsi : « Chaque atome possède une ou plusieurs atomicités ; l’atomicité, c’est ce par quoi un atome peut s’attacher à un autre atome ; ou plutôt, pour que deux atomes s’unissent, il faut qu’un certain nombre d’atomicités du premier et un nombre égal d’atomicités du second se joignent chacune à chacune[1]. » C’est donc la forme matérielle de l’atome qui peut expliquer les combinaisons dans lesquelles il peut entrer. « Plus tard, c’est encore à la forme de l’atome que l’on attribuera le pouvoir rotatoire si l’on veut interpréter la sléréochimie selon les doctrines atomiques ; on regardera l’atome de carbone comme ayant la forme tétraédrique ou, tout au moins, comme présentant les mêmes éléments de symétrie qu’un tétraèdre[2]. » La sléréochimie continuera, bien qu’à un autre point de vue, l’œuvre du mécanisme traditionnel dans la chimie. Et quoi qu’elle ne soit pas considérée par ses promoteurs comme une explication, mais comme une figuration symbolique, on remarquera le sens qu’elle pourrait prendre si on l’interprétait d’une façon réaliste ; il a l’avantage de bien préciser la position du mécanisme traditionnel il y a une cinquantaine d’années, en l’opposant aux attitudes actuelles.

6. — Vers la fin de la première moitié du xixe siècle, la physionomie de la science physique est donc nettement des-

  1. Duhem, Le Mixte, p. 147.
  2. Id., p. 148.