Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
L’ANALYSE DES DOCTRINES.

mesurer le degré de chaleur de cet air, pourvu que nous adoptions une définition conventionnelle d’un degré double, triple, etc… de chaleur ; définition qui est arbitraire et nullement imposée par la nature des choses ; on peut, ce me semble, prendre pour mesure du degré de chaleur, l’élasticité d’une masse d’air dont la densité soil toujours égale à la densité habituelle[1] ».

Ainsi, par la théorie cinétique des gaz (qu’on peut très bien accorder soit avec les idées cartésiennes, ou les idées newtonienncs : les idées de Boscovich, par exemple, comme le fit Clausius dans son second mémoire), on entrevoit nettement le moyen d’ajouter à une hydrostatique, à une hydrodynamique et à une barologie fondées exclusivement sur la mécanique, une théorie de la chaleur, fondée, elle aussi, exclusivement sur la mécanique. La théorie de la chaleur ne supposera rien autre que les éléments, les principes et les théorèmes fondamentaux de la mécanique classique.

d) De là, la théorie mécanique de la chaleur. Elle avait été formulée par Descartes, adoptée pendant tout le xviie siècle et la plus grande partie du xviiie siècle, mais elle a pris à la fois netteté et ampleur, après la découverte du principe de l’équivalence entre la chaleur et le travail : Helmholtz, en 1847, et Clausius, en 1850, la formulèrent d’une manière précise. La chaleur serait la force vive qui résulte des mouvements insensibles des molécules d’un corps ; elle serait la somme des produits de la masse de ciiaque molécule par le carré de sa vitesse.

La théorie de l’émission, aussi bien que la théorie ondulatoire de la lumière, aussi bien que la théorie vibratoire du son, étaient d’elles-mêmes conformes aux principes mécanistes. Les théories de l’électricité et du magnétisme, avec Coulomb, Ampère, Faraday, quoique plus vagues et moins bien assises, soit qu’elles considérassent des fluides impondérables, leurs courants, et des masses imprégnées par eux, soit qu’elles expliquassent les phénomènes

  1. Duhem, Revue générale des Sciences, 1903, pp. 171-172.