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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

constitution de la matière. Une simple complication des conditions permettra de figurer avec les mêmes éléments l’état liquide ou l’état solide. Nous devons imaginer des éléments qualitativement homogènes et identiques, car toute différence qualitative ferait intervenir des facteurs particuliers irréductibles aux lois mécaniques. Il faut que ces éléments soient indéformables, impénétrables, parfaitement élastiques, car toute déformation, toute pénétration, toute perte où toute production de force vive, d’après la mécanique que nous avons exposée, ne sont et ne peuvent être que des résultantes apparentes : en réalité, il n’y a qu’un changement de position dans les éléments ultimes. Raisonner autrement, c’est introduire des qualités spécifiques irréductibles dans la matière et leur faire jouer un rôle nécessaire, à côté des lois de la mécanique. Les éléments de la matière ne pourront donc différer que par la position, c’est-à-dire par la direction du mouvement, la vitesse et l’accélération, et encore ces différences ne dépendront pas de la nature intime des éléments, mais des influences extérieures que les autres éléments exercent sur eux (ou par le choc, ou par la pression d’un milieu absolument élastique, ou par des forces attractives et répulsives, selon qu’on admettra l’hypothèse atomiste, l’hypothèse cartésienne ou l’hypothèse newtonienne). En somme, une quantité invariable de force vive et une quantité donnée de mobiles (points d’application des forces), mobiles qui n’ont d’autre qualité que d’être des supports de mouvement, des choses qui se meuvent, et ne subissent d’autre transformation que dans la direction et la vitesse de ce mouvement, sous les influences externes : voilà à quoi devait se réduire l’image de la matière. Les seules lois auxquelles obéit cette matière sont alors — et alors seulement — celles de la mécanique. Or, cette constitution de la matière est bien celle que nous représente la théorie cinétique des gaz de Bernouilli et de Clausius :

« Imaginons un vase cylindrique à génératrices verticales dont l’orifice supérieur soit fermé par un piston chargé d’un certain poids. Remplissons ce vase d’une foule