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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

sans aucun égard aux modalités de leur production réelle : « De là résulté évidemment, pour me conformer au langage adopté, la faculté de remplacer à volonté toute force par une autre d’une nature quelconque, pourvu qu’elle sôit capable d’imprimer au corps exactement le même mouvement. D’après cette considération évidente, on conçoit qu’il test possible de faire abstraction des diverses forces qui sont réellement inhérentes aux corps et de regarder ceuxci comme seulement sollicités par des forces extérieures, puisqu’on pourra substituer à ces forces intérieures des forces extérieures mécaniquement équivalentes[1]… »

b) Ceci posé, trois principes établissent les relations les plus générales que l’on puisse envisager entre les corps ainsi considérés et les forces qui agissent sur eux, c’ést-àdire les mouvements qu’ils sont susceptibles de prendre : la loi d’inertie : « Tout corps soumis à l’action d’une force unique, qui agit sur lui instantanément, se meut constamment en ligne droite et avec une vitesse uniforme » ; la loi d’égalité constante et nécessaire entre l’action et la réaction : « Toutes les fois qu’un corps est mû par un autre d’une manière quelconque, il exerce sur lui, en sens inverse, une réaction telle que le second perd, en raison des masses, une quantité de mouvement exactement égale à celle que le premier a reçu » ; la loi de l’indépendance des mouvements coexistants : « Le mouvement général d’un système n’altère point les mouvements relatifs de ses parties. »

En s’appuyant sur ces trois principes, le problème général auquel se ramèneront toutes les questions mécaniques possibles consistera « à déterminer l’effet que produiront sur un corps donné différentes forces quelconques agissant simultanément, lorsqu’on connaît le mouvement simple qui résulterait de l’action isolée de chacune d’elles ; ou, en prenant la question en sens inverse, à déterminer les mouvements simples dont la combinaison donnerait lieu à un mouvement supposé connue[2] ».

  1. Id., p. 451.
  2. Id., p. 446.