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LE MÉCANISME TRADITIONNEL.

sique était traditionnellement exposée à partir de cette mécanique, et en supposant d’abord les abstractions que comporte cette mécanique. Il s’agissait essentiellement de présenter une tliéorie des phénomènes naturels, en évitant d’introduire autant que possible des éléments nouveaux à côté de ces éléments considérés comme les éléments les plus simples, les plus clairs auxquels nous fasse remonter la considération de la nature matérielle. La mécanique rationnelle établissait donc les conditions nécessaires et suffisantes de l’explication physique. Aussi convient-il d’en résumer les points de vue généraux, comme ils étaient couramment présentés. Comte pour cela est un bon guide.

a) Comte avait remarqué que le nom de mécanique était tout à fait impropre pour désigner son objet. « Les philosophes allemands, dit-il (à la suite de Kant), pour éviter cet inconvénient, ont créé la dénomination beaucoup plus philosophique de phoronomie, employée dans le traité d’Hermann, et dont l’adoption générale serait très désirable[1] ».

Ce mot phoronomie exprime très clairement ce dont s’occupe la mécanique classique : les lois qui régissent les changements locaux, les variations de position dans l’espace, et seulement ces variations ; le mouvement, au sens courant du mot. Ces lois sont en effet l’unique objet de la mécanique, qui néglige toute autre espèce de variation : ce qui fait sa simplicité remarquable, ce qui fera aussi, d’après ses critiques, son insuffisance. Elle « se borne à envisager le mouvement en lui-même, sans s’enquérir de quelle manière il a été déterminé. Ainsi les forces ne sont autre chose, en mécanique, que les mouvements produits ou tendant à se produire[2] ».

Les corps seront considérés comme passifs, c’est-à-dire comme ne pouvant pas eux-mêmes changer leur état de mouvement et de repos. Cette supposition peut être employée sans inconvénient, car il ne faut pas oublier que les mouvements sont simplement considérés en eux-mêmes,

  1. A. Comte, Cours de Philosophie positive, I, p. 445.
  2. A. Comte, Cours de Philosophie positive, I, p. 445.