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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

Mais, là encore, que l’on imagine de toutes pièces certains mécanismes, dont les mouvements obéissent à des lois analogues à celles des phénomènes naturels, ou que l’on se borne, sans préciser ces mécanismes, à chercher pour ces phénomènes des formules analogues aux formules mécaniques, les conséquences s’accordent avec la dynamique de Lagrange : « Si les formules auxquelles on a affaire peuvent être mises sous la forme imposée par Lagrange aux équations de la dynamique, les choses iront au mieux. Aux grandeurs qui caractérisent le système physique soumis à l’expérience, on pourra faire correspondre les variables et les vitesses qui fixent la figure et le mouvement d’un certain système mécanique, de telle sorte que les lois qui président aux transformations des deux systèmes s’exprimeront par les mêmes équations. Les rouages du système mécanique expliqueront alors les propriétés du système physique.

« Si d’ailleurs les formules qui condensent les lois des phénomènes expérimentalement étudiés ne se laissent point couler dans le moule creusé par Lagrange, la méthode analytique ne deviendra pas, pour cela, inefficace ; pour assimiler ces formules aux équations de la dynamique, elle supposera que le système renferme des masses inaperçues et des mouvements cachés ; d’ailleurs, comme rien ne vient préciser et limiter la nature, le nombre, la complication de ces masses et de ces mouvements, il semble bien qu’aucune sorte de formules ne pourra être tenue pour irréductible aux équations de la dynamique ; quelles que soient ces formules, il est toujours permis d’espérer que l’on pourra toujours les ramener aux lois de la mécanique, soit exactement, soit avec telle approximation que l’on voudra[1] ».

5. — On peut donc dire, en caractérisant, grossièrement et d’un peu plus loin s’entend, la physique classique jusqu’à la période contemporaine, qu’elle tend à être une promotion de la mécanique analytique de Lagrange. La phy-

  1. Duhem, Revue générale des Sciences, 1903, p. 254.