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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

au mécanisme, l’énergétique, et qu’ils rejettent tout élément figuré, — soit qu’ils ne tiennent plus absolument à une théorie exclusive de toute autre, par une sorte de criticisme physique, — rejettent, au contraire, de leurs théories ces deux derniers caractères. Selon chacune de ces deux tendances dissidentes (qui, avec le mécanisme, se partagent tous les physiciens contemporains), ou ils we veulent plus d’éléments figurés, ou ils les trouvent tout à fait secondaires, contingents et irréels. Selon chacune de ces deux tendances dissidentes encore, ou ils ne veulent plus que la mécanique rationnelle fournisse les bases des sciences physico-chimiques, ou ils n’accordent à ce mode de construction qu’un caractère arbitraire et accidentel.

Le néo-mécanisme, au contraire, s’il a refusé le premier des legs du mécanisme traditionnel, a accepté les deux autres : la figuration de la théorie et le mouvement comme repère universel et élément fondamental de cette figuration, la continuité du monde mécanique et du monde physique.

Le mécanisme traditionnel présentait donc, il y a une cinquantaine d’années, une physique aisément reconnaissable à des caractères bien tranchés. Il les avait hérités de toutes les hypothèses générales qui s’étaient succédé depuis le XVIe siècle et qui se rattachaient à trois grandes idées centrales : le cinétisme cartésien, l’atomisme de Huyghens et des Bernouilli, le dynanisme de Newton. Et quelles que fussent les tendances des physiciens entre ces thèses, ils ne contestaient jamais les caractères essentiels que nous venons de décrire. Ceux-ci délimitaient le champ clos des luttes intestines qui, toujours plus ou moins partielles, ne semblaient pas déchirer l’unité organique de la physique générale.

4. — Certes, il serait assez facile de distinguer plusieurs courants divergents dans cette physique. La conception de Lagrange n’est pas celle de Laplace ou de Poisson ; la première se distingue de la seconde, plus directement newtonienne, par la considération de forces fictives de liaisons. Pour Lagrange, les corps « sont des milieux continus dont les divers éléments impénétrables les uns aux autres se