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INDICATIONS TOUCHANT LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE.

4. — La tâche de la philosophie est, d’ailleurs, loin d’être terminée. Il faudrait analyser encore ce fait ultime : l’expérience-relation, montrer comment il se pose. Et c’est alors que l’évolutionisme intervient utilement, au moins à titre d’indication. Toutes nos connaissances semblent pouvoir être considérées par la psychologie comme le résultat de l’adaptation de l’être au milieu. Toutes nos connaissances depuis les plus humbles, la perception-réflexe, jusqu’à la science-raison sont-elles alors autre chose que des habitudes ou des instincts, mais comme toute habitude ou tout instinct, dans la théorie de l’évolution, les résultantes nécessaires et seules possibles, des conditions dans lesquelles elles ont été contractées ? La relation qui est, dans notre vue, le fait véritable, le donné (au point de vue humain), n’est donc qu’une habitude nécessaire. L’ensemble de ces habitudes est, dans la seule langue que nous puissions comprendre, ce qui est.

L’évolution expliquerait comment il y a une vérité humaine sans doute, mais univoque, une vérité déterminée sans ambiguïté, et pourquoi un choix s’impose et doit s’im-

    1o C’est rexpérience qui fonde cette explication, car, d’après Painlevé, ce serait un hasard étrange que de l’infinité des explications possibles l’explication présente fût la seule qui s’accordât à la fois avec le principe de causalité, et avec les données de l’expérience. D’ailleurs l’intuition du mouvement absolu n’est que le résultat d’une infinité d’expériences inconscientes.

    2o Painlevé ne sort donc pas du relativisme expérimentcd, considéré comme il est entendu ici, c’est-à-dire comme V absolu de la connaissance humaine.

    3o Les conclusions fondées sur ce relativisme expérimental coïncident pratiquement avec toutes les conclusions du rationalisme, puisque l’interprétation de l’expérience est univoque et les met d’accord avec les exigences d’une pensée profondément imprégnée, comme la pensée moderne, par les idées évolutionnistes (historisme, psychologisme, sociologisme).

    4o Le mot « absolu » ne doit pas faire illusion. Il s’agit bien ici de relations entre les éléments d’un système, et rien que de cela, (le mouvement peut-il être autre chose, à l’analyse ?) n’existant et n’étant défini que par rapport à ces relations, et par elles. Seulement, la relation n’est pas quelque chose de surajouté par l’esprit aux choses ; elle est elle-même une chose ; elle est nécessaire et objective, et il n’y a pas d’autre objet qu’elle, si bien qu’elle peut comporter le qualificatif d’absolu.