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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

sont toutes deux artificielles et dialectiques. Jusque-là, on imaginait un donné : des éléments sensibles, des représentations atomes. L’esprit avait ensuite pour fonction d’établir des relations entre ces données ultimes. Et alors, à quoi attribuer la forme de ces relations : aux données, ou à l’esprit ? Mais on peut faire de la relation même l’objet réel de l’expérience. La formule : nous ne connaissons que des relations, devient exacte dans sa lettre. Les éléments de toute connaissance sont des relations.

L’expérience est un système, une relation de relations[1]. La relation, voilà donc le donné. Ce sont les termes entre lesquels nous nous donnons la relation qui n’ont qu’une existence dérivée, secondaire, par rapport à la relation elle-même. À mesure qu’on les analyse, ils se ramènent toujours à des relations. Ce qui existe d’abord, ce qui est existence première, c’est la fonction. Les termes sont les moyens par lesquels s’exprime la fonction : ils sont définis par elle ou par d’autres fonctions. Ils tirent d’elles leur nécessité. Ce qui semble réclamé par la physique actuelle, ce qu’elle prétend trouver dans l’expérience et ce qui fonde son objectivité, c’est la relation nécessaire. Elle va donc d’elle-même vers une philosophie qui fait de l’objet un ensemble de relations. L’objet posé comme un ensemble de relations effectives, et l’on comprend de suite la nécessité et l’objectivité des lois physiques, plus généralement des lois scientifiques. Elles ne sont que la description de l’objet, et en même temps que sa description, sa pénétration complète et directe. Nous sommes de nouveau devant un univers diaphane pour la raison[2].

  1. Ainsi se pourrait justifier l’espoir le plus lointain de toutes les sciences : trouver un principe unique dont les autres lois puissent être déduites, sans exception.
  2. Painlevé a fait remarquer que, pour l’ensemble des faits qui constituent notre système solaii’e, la seule explication qui répende au principe de causalité est celle qui admet le mouvement absolu des éléments du système par rapport à un trièdre de référence dont le sommet est au centre de gravité du système et qui s’oriente d*après les étoiles fixes les plus éloignées. Il importe d’observer que cette remarque — tout à fait dans l’esprit mécaniste — confirme nettement ce qui a été dit ici :