qu’inutile et erronée, à mesure qu’on attaquait la nécessité des lois physiques, à mesure on démolissait son objectivité et l’existence des catégories destinées à fonder cette objectivité.
3. — On a vu comment les physiciens, à quelque école qu’ils appartiennent, ont répondu. Ce qu’il reste à dégager de l’unanimité de ces réponses, puisqu’elles ont toutes, en face des tentatives sceptiques, une partie commune, c’est leur sens général dans l’évolution historique de la pensée philosophique. On peut le définir comme il suit : elles reprennent en un sens nouveau la théorie des catégories ; elles la rajeunissent en lui donnant un sens plus concret et plus expérimental et en la fondant, non sur la dialectique, mais sur l’analyse des méthodes scientifiques et du développement de l’esprit.
Si ceci est exact, l’histoire de la physique contemporaine confirmerait d’elle-même les idées exposées dans l’introduction de ce travail et qui m’ont servi d’idées directrices : à savoir que l’esprit philosophique constitue une atmosphère dont la science ne sait, ni ne veut se passer, sans doute parce qu’elle ne le peut pas et aussi parce que l’esprit philosophique se trouve inclus dans la science. En montrant que la physique contemporaine est liée étroitement à une philosophie qui l’imprègne, et s’en dégagera forcément, comme la physique de la Renaissance avec le cartésianisme, comme la physique newtonienne avec le kantisme, on montre du même coup que l’esprit philosophique et l’esprit scientifique sont inséparables, et que l’évolution de la philosophie est parallèle à l’évolution de la science.
4. — La catégorie a toujours été une affirmation de la raison. Elle est de l’ordre du rationnel. La physique contemporaine ne considère comme nécessaire que le résultat de l’expérience. Tandis que la catégorie s’opposait à l’empirisme et était l’arme du rationalisme contre l’empirisme, dans la physique contemporaine la nécessité elle-même devient d’ordre empirique. L’expérience permet, en face des critiques qui essayent de faire rentrer la vérité physique dans le domaine de la croyance, des affirmations catégo-
